lundi 30 avril 2012

À propos d’une ulcération palatine


Un patient de 38 ans d’origine polonaise est admis pour
une ulcération palatine peu douloureuse évoluant
depuis environ 3 jours. Elle se situe de part et d’autre de la
ligne médiane et elle expose en profondeur l’os maxillaire (fig. 1).
Ce patient tabagique ne présente par ailleurs aucun autre antécédent
particulier. L’interrogatoire systématique ne met en évidence
ni prise de cocaïne, ni injection locale de vasoconstricteur
ou d’autre produit caustique pouvant expliquer la présence de
cette ulcération. Le reste de la cavité buccale est exempt de toute
autre lésion.
Une biologie courante révèle l’existence d’un syndrome inflammatoire
(CRP à 14,2 mg/L). Un scanner du massif facial ne révèle
ni atteinte osseuse ni communication naso-buccale. Il nous
oriente vers un diagnostic de lésion granulomateuse inflammatoire
ou infectieuse.
Un frottis de la lésion et un prélèvement biopsique sont réalisés.
Dans l’attente des résultats, le patient est placé sous antibiothérapie
préventive (Augmentin 4x1gr I.V.) et soins locaux à base
d’éosine acqueuse 2%.
Face à ce type de lésion les diagnostics différentiels suivants doivent
être évoqués :
1. Ulcération traumatique, iatrogène (automutilation, blessure
par objet, injection de vasoconstricteur, médicaments…).
2. Néoplasies :
a. adénocarcinomes salivaires : carcinome adénoïde kystique,
carcinome muco-épidermoïde, adénocarcinome à cellules acineuses,
adénocarcinome polymorphe bien différencié, tumeur
mixte maligne ;
b. Lymphomes ;
c. Sarcomes ;
d. Lésion métastatique.
3. Troubles inflammatoires chroniques :
a. Périadénite de Sutton ;
b. Sialométaplasie nécrosante ;
c. Lichen plan érosif ;
d. Lupus érythémateux discoïde ;
e. Réaction lichénoïde ou lupique.
4. Infections chroniques :
a. Tuberculose ;
b. Syphilis primaire ou tertiaire ;
c. Mycose profonde.
5. Vasculite : granulomatose de Wegener.
Les sérologies pratiquées à la recherche de syphilis et d’herpès
se sont avérées négatives. Sous traitement, la lésion a involué,
le fond de l’ulcération s’est comblé en 10 jours, aux deux tiers,
par du tissu de granulation (fig. 2).

Figure 1. Ulcération palatine

lors de la première  consultation.
Figure 2. Ulcération palatine  après 10 jours
de traitement ; tissu de granulation  recouvrant le fond de l’ulcération.


Quel est votre diagnostic  ?

Réponse

Il s’agit d’une sialométaplasi nécrosante.

Décrite pour la première  fois par Abrams et al. en 1973, cette lésion,  relativement    rare,  est une  ulcératio inflammatoire non  néoplasiqu des  glande salivaires  accessoire [1].  Elle représente enviro 0,03 % des  lésions  diagnostiquées    par biopsie [2].

Cette lésion presque  exclusivement  palatine  a néanmoins  été observée  dans  d’autres  localisations  : régions  rétromolair et linguale cavité  nasale sinus  maxillaire glande salivaires majeures  (sous-maxillaires,  parotides  et sub-linguales)  [1-4].

La lésion  début par  une  tuméfaction    focale  douloureuse. Après quelques  jours, celle-ci fait place à une ulcération  à bords nets pouvant  sétendr jusqu’à   l’os,  entourée    d’un  halo érythémateux  [2]. Une  fois  lulcération  installée,  elle  occa- sionne peu de douleur [5].

Si l’étiopathogénie est mal connue, certains auteurs suggèrent qu’un atteinte physico-chimiqu des  vaisseau sanguins serait  responsabl de  perturbations    ischémique au  niveau des glandesalivaires conduisant  à leur infarcissement  [1].

Les facteur étiologique évoqué sont  multiples  : intuba- tions  difficiles, anesthésie locales, prothèse mal adaptées, vomissements    violent répétitif (rencontré dans  les  cas d’anorexie/boulimie), les infections  locales, le tabac, la radio- thérapie   ou  encore  la prise  de  cocaïne  [1-4]. Le diabète   et l’alcoolisme chronique  sont un terrain  favorisant  [1].

Du poinde vue anatomo-pathologique,     l’ulcération  contient

un tissu  de granulatio non spécifique,  on note  une  nécrose


des lobules  salivaires  de type  ischémique  en périphérie,  une

néovascularisatio et une métaplasie  épidermoïde  des canali- cules et des acini muqueux  au centre de la lésion [2]. Contraire- ment  aux carcinomes  salivaires, l’architecture  lobulaire  garde toute son intégrité  dans la sialométaplasi nécrosant [1]. L’examen histopathologiqu réalisé sur le prélèvement biopsi- que a confirmé chez notre  patient le diagnostic  de sialométa- plasie nécrosante.

La guérison  est habituellemen spontanée et s’observe en 7 à

10 semaines,  laissant habituellement une cicatrice. Ce qui fut le cas chez notre patient.

Les ressemblance cliniques et histologique avec les néopla- sies  orales  (carcinomes),   soulignent l’importance d’un  diagnostic précis et précoce afin d’éviter d’éventuels  traitements inutilement  mutilants.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire